Les cercles qu’elle dessine sur le plateau pourraient sembler dans un premier temps identiques. Maeva Cunci creuse le sillon. Chacun des mouvements concentriques de sa danse, de sa course, l’amène plus loin, ne se déployant pas tant dans l’étendue que dans la profondeur. Emmanuelle Vo-Dinh entraine la performeuse dans une descente vers les origines archaïques de la danse : rythme, souffle, volonté aveugle de mettre un pas devant l’autre, jusqu’à l’épuisement. D’autres états de corps jaillissent, le solo devient foison, l’air se charge de visions innommables. Vertigineux !
Le titre est somptueux, mais derrière sa superbe se cache un jeu de mots intraduisible en français. Le ver est dans le fruit : l’expression flamande y contient littéralement un cadavre. Deux ans auparavant, Jan Fabre entamait, avec son œuvre fleuve C’est du théâtre comme c’était à espérer et à prévoir, un vaste et radical programme de refonte de l’art scénique mettant au cœur d’un alliage explosif de danse, textes, chants et images, l’expérience vécue jusqu’à l’épuisement du geste performatif. Le Pouvoir des folies théâtrales revient sur cette intuition fondatrice, l’affine, la précise, re-déploie dans des configurations autrement complexes ses lignes de force impétueuses, son énergie enragée.
Mettre au travail la notion même de travail, la déplacer, la malmener gentiment, y injecter de la poésie, y explorer d’autres imaginaires possibles, voici le pari relevé avec aisance et inspiration par Grand Magasin.
Il y a quelques mois, nous avons rencontré Olivier Guidoux, qui développait alors deux projets produits par l'un de nos collaborateurs, Le Coeur, un court métrage de 25 minutes tourné en 16 mm au printemps 2014, et Laval Serial !, une web-série tout à fait singulière et inattendue, loin des standards et des formats habituels que l'on peut voir sur Internet. La série en ligne, Olivier Guidoux revient plus particulièrement sur les enjeux de cinéma qu'elle pose.
Après des études d’arts plastiques aux Beaux-Arts de Nantes, Théodora Barat intègre le Fresnoy, où elle réalise Or anything at all except the dark pavement. En 2013, elle développe Panorama zéro, dans le cadre d’une résidence à Côté court. Rencontre avec une cinéaste et plasticienne dont le regard est tourné vers le Film Noir, et qui fait circuler formes et matériaux entre ses films et ses installations.
Nous republions sur le site l'entretien que Clément Postec a réalisé pour le numéro 1 des Cahiers d'A bras le corps avec Arnold Pasquier, cinéaste particulièrement prolixe, nécessaire et stimulant, dont nous avons évoqué pluseurs films récents, La vie continuera sans moi, L'italie et Si c'est une île c'est la Sicile.
Le plateau se tient à la lisière du visible, l’obscurité est à la fois épaisse et poreuse, condition de possibilité nécessaire aux phénomènes d’apparition que la pièce enclenche. Des corps se laissent deviner, étendus sur le sol. Un chant se lève, plainte qui semble venir de très loin, du plus profond des entrailles, chuchotement qui gonfle, s’affirme, ample, déborde les gradins.
La Ferme du Buisson accueille une belle exposition qui orchestre la rencontre entre Yvonne Rainer et des artistes de la jeune génération. The Yvonne Rainer Project est passionnant de part la manière dont il articule dans un mouvement rhizomatique différentes pratiques plastiques, filmiques ou performatives liées au corps et à l’image, à la fiction et à la présence.
Création évènement de cette première édition du Oh!Festival, Tschägg, signée par Lucie Eidenbenz, Luce Goutelle et Cosima Grand se situe sur les territoires mouvants où la tradition irrigue le monde contemporain. Engouement, peurs intimes et fantasmes collectifs s’ entretissent de manière organique sur le plateau.
Les deux majuscules s’entrechoquent et se fondent dans un soupir ou dans une exclamation interloquée : OH ! Derrière ces initiales se tiennent Kazuo Ohno et Tatsumi Hijikata, figures de proue de la danse butoh. Biño Sauitzvy les invoque dans cette nouvelle création qu’il signe en compagnie de Nando Messias. Sur la dalle de béton brut du Générateur, dans cet espace vaste et chargé, propice au déploiement de l’imaginaire, ces spectres viennent hanter les corps, trouvent un écho lointain et surprenant dans les développements du Movimento Antropofagico brésilien, entrent en résonance avec l’actualité la plus brulante, se fondent dans une performance ardue et sensuelle.