Artiste plasticienne, Carole Nosella travaille principalement le medium vidéo. Elle réalise depuis une dizaine d’années des films qui peuvent être projetés ou diffusés en installation. L’écran est au cœur de la pratique et des recherches théoriques de Carole Nosella.
La mer allée avec le soleil. Vers un nouveau cinéma de poésie
« (…) le mot trouver ne signifie d’abord nullement trouver, au sens du résultat pratique ou scientifique. Trouver, c’est tourner, faire le tour, aller autour. Trouver un chant, c’est tourner le mouvement mélodique, le faire tourner. Ici nulle idée de but, encore moins d’arrêt. Trouver est presque exactement le même mot que chercher, lequel dit : ‘‘faire le tour de’’. » (Maurice Blanchot, L’Entretien infini).
« Il m’a fallu pratiquement quinze ans pour maîtriser ma Bolex et lui faire faire ce que je voulais vraiment, automatiquement, spontanément. Je compare cela à un saxophoniste, un musicien de jazz qui doit répéter pendant de longues années jusqu’à obtenir de l’instrument qu’il suive les mouvements les plus subtils de ses doigts. Ce serait auto-destructeur, voire stupide, de changer d’un seul coup d’instrument juste parce que quelqu’un vient d’en inventer un nouveau. Je suis quelqu’un de très occupé. Je n’ai ni le temps, ni la nécessité ni l’envie de changer d’instrument, ma Bolex. D’autant que ma Bolex est une caméra très précise qui correspond tout à fait à ma façon de filmer » (Jonas Mekas)
Structurée autour de quatre films produits par le Grec, structure de production associative fondée par Jean Rouch qui fête cette année ses 50 ans et dont la mission est d’accompagner des réalisateurs en devenir dans la production de leur premier film, cette rencontre a été l’occasion de mesurer à nouveau la plasticité des gestes liés à l’archive et au remploi d’images, dont la présence dans le cinéma contemporain est particulièrement significative. Ce que montrent ces pratiques, c’est qu’une image de cinéma, quels que soient les techniques ou les modes narratifs utilisés, se fabrique toujours à partir d’autres images, qui lui préexistent et lui permettent d'arriver.
L’œil sauvage est le premier film réalisé par Johanna Vaude au sortir de sa formation en arts plastiques. Sa conception s’inscrit dans une économie de moyens radicale. L’idée était de faire un film à partir d’une seule et unique pellicule super 8, ce qui a d’emblée conduit Johanna Vaude en direction de l’hybridation des supports.
En 2001, Frédéric Danos commence un documentaire qui n'aboutit pas. Plusieurs pistes sont explorées, qui oscillent entre le documentaire social et le film intimiste, des séquences sont tournées, mais aucune de ces tentatives ne donne lieu à un film à proprement parler. En 2009, Frédéric Danos entreprend de rassembler toutes ces séquences et de les articuler les unes aux autres en racontant les raisons de ces tentatives avortées. Le film qui n'avait pas abouti vient de trouver sa forme : J'ai mis 9 ans à ne pas terminer mêle aux séquences filmées une parole vivante, qui en révèle la part secrète, les défaillances et en énonce l'inachèvement.
Pour comprendre les travaux de Vincent Ciciliato, il importe d’avoir à l’esprit son double enracinement géographique, entre la Sicile où il a passé une partie de sa jeunesse et la Picardie où il a fait ses études. Pour exprimer synthétiquement les accents de sa pratique, on pourrait dire que sa boite noire est picarde et que son imaginaire est sicilien. Cette double appartenance se retrouve dans les espaces qu’il met en scène ou les références qui traversent son œuvre.
Les pièces de Fred Périé ont ceci de commun avec l’image médiévale que la figure y est conçue comme un miroir vivant qui ne renvoie pas uniquement à lui-même, mais aussi à un tout autre, en l’occurrence, s’agissant du Moyen âge, à Dieu. La question de la réflexivité induit immédiatement l’idée que s’il y a représentation, c’est qu’un être peut tenir lieu pour autre chose que ce qu’il exprime immédiatement.
Cette séance prend la suite d’un dialogue entre Marc Hurtado et Vincent Deville, initié en octobre 2017 à l’Université Paul Valery Montpellier, dans le cadre d’une journée d’étude consacrée à la question des « Matérialismes esthétiques ». L’idée est de poursuivre l’échange sur la question de la matérialité des images, en incluant le rapport à la machine que celle-ci suppose. Bien qu’elles soient très différentes l’une de l’autre, les pratiques de Marc Hurtado et de Jacques Perconte posent un même rapport à la nature et à une forme de mysticisme qui se signale notamment à travers un intérêt marqué pour des notions alchimiques, où les questions de la matière et de la technique sont centrales.
Tour-Réservoir est une œuvre plateforme lancée en 2016-2017 et portée par LFKs, un collectif transdisciplinaire qui produit aussi bien des installations, expositions que de la musique, des livres, ou des projets audiovisuels. Le cinéma est souvent convoqué par le collectif. LFKs se situe sur une ligne de crête, entre l’action artistique et l’animation socio-culturelle. La volonté du collectif est de faire de l’action directe conjointement dans le tissu social et dans le champ esthétique. L’attention portée au contexte social peut faire émerger une forme qui fait appel aux technologies contemporaines par lesquelles les générations actuelles se représentent spontanément.