Le film s'ouvre sur une scène de théâtre, ou un plateau de danse, au moment où la compagnie se sépare. Cet instant précieux permet de capter la dispersion en acte d'un groupe d'artistes, et donc de poser le motif même de Si c'est une île, c'est la Sicile, qui peut sonner comme un constat sur notre modernité : un peu partout dans le monde, les artistes disparaissent. Ce geste est aussi une occasion, dans les liminaires même du film, d’affirmer que le cinéma vit de se confronter à des pratiques qui lui sont hétérogènes. Quelque chose prend fin quand le film commence, en lui ouvrant une voie que lui seul à la charge d’explorer.
« Chercher l’écriture dans le ventre de la parole (…) une écriture qui se déplace de sa narration et tourne le dos au présent organique, s’éloigne du quotidien, contourne le réel pour d’abord et avant tout trouver l’essence. »
Dieudonné Niangouna.
Quel jugement devrais-je craindre ? nous invite à nous arrêter sur trois évènements où une situation de violence est mise en relation avec un moment d’échec de la communication. Un couple s'échange une phrase assez violente, où l'un dit à l'autre : « tu peux te tirer une balle dans la tête » ; un homme essaie de rentrer sans raison apparente dans l’appartement d’un autre, ce qui est l'occasion d'une bastonnade interminable ; deux femmes se retrouvent dans un intérieur bourgeois et se poignardent inlassablement l'une l'autre en se disant bonjour.
Un corps dans l'espace apporte au cinéma sa matière première. La première, c'est-à-dire celle à partir de quoi tout ce qu'il peut mettre en œuvre devient possible. Le cinéma d'Arnold Pasquier dessine des lieux en y déplaçant des corps, de danseurs le plus souvent. Les espaces dont il s'empare peuvent être des friches ou des chantiers.
"J'ai raconté des films à mes frères, soeurs, grands et petits, à mes cousins, mes tantes, mes oncles, à des amis, à des inconnus, à des vieillards, à des bébés, à des chiens aussi. J'ai raconté près de deux mille cinq cent films dans ma vie, et sans me fatiguer. Tous les jours de ma vie, entre cinq et seize ans" (Dieudonné Niangouna).
Corpus / corpus est le quatrième film de Christophe Loizillon tourné en plans-séquences, après Les mains, Les pieds, Les visages. C'est un film qui a demandé beaucoup de temps pour s’écrire, et qui cherche à comprendre comment nous vivons avec nos corps aujourd'hui.
Olivier Guidoux a réalisé plusieurs films en quasi solitude, loin des lourdeurs techniques ou logistiques souvent associées aux étapes de production ou de tournage. Pour autant, nécessité et exigence cinématographiques trouvent une place dans cet environnement fragile, et s'y présentent comme le foyer vivant dont un film doit à partir et qu'il doit se fixer comme horizon. Olivier Guidoux évoque les étapes de son cheminement encore jeune, car à chaque fois recommencé, vers la pratique cinématographique.
Quelque chose de difficile à nommer nous happe dans les images d’Os Candagos (2010, vidéo couleur, DVPAL 4/3, 8 minutes). Les terres rouges s’étendent vers un horizon lointain, ouvert. Des architectures singulières déploient leurs lignes de force rétro-futuristes. Les mouvements patients de la caméra font état d’un foncier inachèvement, épaississent cette trouble atmosphère d’indétermination, entre le chantier et la ruine, entre l’attente et l’oubli, dans un moment suspendu, qui semble se suffire à lui-même.
Plongés dans les archives Guattari, Graeme Thomson et Silvia Maglioni tombent sur un scénario de film de science fiction écrit par Félix Guattari, et tout une série de documents permettant de recomposer la genèse de ce projet qui ne verra jamais le jour, mais qui mérite cependant d'être inscrit dans l'histoire de ce cinéma de genre, qu'il travaille peut-être lui-même à la manière de cet Infra-Quark, cet univers microscopique, placé dans un recoin de notre monde, et capable de le parasiter.
Le 4 février dernier, nous avons rencontré Christophe Loizillon et son ami Jean-Louis Hélard, lui-même plasticien, pour engager une longue conversation sur le plan séquence. Nous vous invitons à découvrir la restitution de ce bel échange, qui s’aventure à questionner le cinéma de Christophe Loizillon, ses territoires possibles, et les pistes qu’ouvrent peut-être pour lui les nouvelles technologies.