Le titre du film porte un paradoxe que le montage déplie à sa manière. Comment une lettre peut-elle être vide sans cesser de facto d'être ce qu'elle est ? Une lettre peut-elle être une pure adresse sans contenu ? Avant de porter un message à la connaissance de son destinataire, elle tisse un lien. Ce qu'elle envoie ne serait rien sans l'acte d'adresser, qui en est sans doute l'élément décisif. Ceci est particulièrement mis en évidence dans le film de Sarah Klingemann, qui veut donner à voir des mouvements sans nous donner précisément leur origine ni leur terme.
Le dernier film de Marie Voignier, Tourisme international, nous transporte en Corée du Nord, au coeur d'un pays dont on ne peut rien voir. Par un minutieux travail de déconstruction, l'artiste nous invite à questionner le visible et le récit qu'il construit : Documentaire ou fiction ? Paysages ou décors ? Habitants ou acteurs ? Ou comment passer de l'image à l'imaginaire et subvertir l'esthétisation totalitaire.
Pièce de Jacques Perconte installée dans l'ancienne Sacristie du Collège des Bernardins, Mistral est incroyablement bien reçu par des publics croisés, pour la plupart non initiés, non préparés à recevoir des propositions comme celles-ci, et dont on attendrait qu'ils expriment les a priori coutumiers sur l'art contemporain comme espace d'expression qui nécessiterait une explication préalable, plus ou moins technique, pour être compris. Ce que l'on constate au contraire avec cette oeuvre, c'est que quelque chose se perçoit d'emblée de sa simplicité, de son déroulement lent et patient, qui engage une dimension de méditation particulière.
Le film s'ouvre sur des plans tournés de nuit sur un bateau. Des contours de visages en clair-obscur nous laissent deviner la ville en arrière plan. L'eau reflète des lumières rouges et bleues. Charlie Rojo entre dans cette ville dont il veut faire le portrait par son port, dont le Tzar a décidé la construction, apprend-on, en 1703, donnant ainsi naissance à une ville qui devait devenir la capitale de la Russie, jusqu'en 1918.
Découvert lors des rencontres cinématographiques de Cerbère / Port-Bou, dans le cadre d'une séance programmée par Tess Renaudo du festival l'Alternativa à Barcelone, Tzventanka de Youlian Tabakov fait voler en éclat les distinctions habituelles, et souvent paresseuses, entre fiction et documentaire, en proposant une biographie familiale et intime enracinée dans le présent d'un acte de cinéma libre et fécond.
Christophe Postic, co-directeur artistique des Etats généraux de Lussas nous a accordé un entretien, dans lequel il dégage les lignes spécifiques que le festival cherche à dégager : singularité des formes cinématographiques et ancrage territorial coucourent ainsi à engager des expériences de cinéma tout à fait singulières.
Entretien avec le réalisateur Nadav Lapid dont le dernier film, L'Institutrice, est sorti récemment sur nos écrans.
Son moteur tout juste enclenché, une caméra est posée sur une plage du nord, l'objectif orienté vers le sol, laissant au hasard le soin de rassembler pour lui les jeux de deux enfants qui creusent dans le sable. La bande son du film indique la présence hors cadre de leur mère et d'Edith, qui assistent à leurs trouvailles tout en discutant de ce qui les a conduit là, ce jour.
Lucas Taillefer est programmateur au cinéma Ochoymedio à Quito et pour le Festival Eurocine 2014 (Équateur). Il évoque la situation du cinéma en Equateur, du point de vue de ses formes, de sa production et de sa diffusion et de son cheminement possible, ouvert par la création d'un CNC il y a 6 ans.
Blaise Othin-Girard évoque le processus de réalisation de son film Michel ou 9 jours dans la vie d’un ho, découvert à Lussas cette année, qui s’inscrit dans la continuité d’un travail sur le milieu de l’enfermement psychiatrique commencé il y a plus de 25 ans, et qui est le dernier fruit d’un effort pour mettre en place une forme d’épure cinématographique. Vous pouvez également lire le texte que nous avons consacré à ce film ici-même.