Christophe Loizillon : Est ce que vous pouvez replacer Of Men and War (Des Hommes et de la Guerre) dans votre filmographie ?
Laurent Bécue-Renard : Mon premier film, De guerres lasses (2003), qui était focalisé sur la trace psychique de la guerre chez des jeunes veuves bosniaques, avait été entrepris de manière plus intuitive que raisonnée. J’avais passé près d’un an dans Sarajevo en guerre, il fallait juste que je le fasse. Lors de la distribution du film, au fil des près de 300 débats, en France comme à l’étranger, j’ai été un peu désemparé de l’impact si fort qu’il avait sur les spectateurs. Il était clair qu’il renvoyait chacun à ce qu’il ou elle portait de la guerre. À force, je me suis mis à réfléchir sur cette absolue nécessité à l’origine de ce projet.
Olivier Guidoux a réalisé plusieurs films en quasi solitude, loin des lourdeurs techniques ou logistiques souvent associées aux étapes de production ou de tournage. Pour autant, nécessité et exigence cinématographiques trouvent une place dans cet environnement fragile, et s'y présentent comme le foyer vivant dont un film doit à partir et qu'il doit se fixer comme horizon. Olivier Guidoux évoque les étapes de son cheminement encore jeune, car à chaque fois recommencé, vers la pratique cinématographique.
Le 4 février dernier, nous avons rencontré Christophe Loizillon et son ami Jean-Louis Hélard, lui-même plasticien, pour engager une longue conversation sur le plan séquence. Nous vous invitons à découvrir la restitution de ce bel échange, qui s’aventure à questionner le cinéma de Christophe Loizillon, ses territoires possibles, et les pistes qu’ouvrent peut-être pour lui les nouvelles technologies.
Silvia Maglioni et Graeme Thomson réalisent des films qui interrogent les frontières entre plusieurs pratiques (performance et installation notamment). In Search of UIQ, leur dernier long métrage, les a mis en chemin vers un projet de film de science fiction de Félix Guattari, resté sans suite : Un amour d'UIQ. En amont et en aval de leur projet, Silvia Maglioni et Graeme Thomson ont ainsi proposé plusieurs modalités de non-effectuation du film, comme pour prolonger l'espace ouvert par cette oeuvre manquante de Félix Guattari.
Dans le cadre de sa résidence à la Fabrique Phantom (Khiasma), Ismaïl Bahri élabore un dispositif de prise de vues qui interroge l'outil caméra, en cherchant à retrouver des possibilités plastiques familières des images argentiques, et qui semblent perdues pour - et par - le numérique. A l'aide d'un obturateur qu'il a lui même fabriqué, Ismaïl Bahri réalise des séquences vidéo qui bouleversent notre rapport aux images et, dans un effort pour ne pas coïncider avec ce qui se présente devant le cadre, induisent une relation au réel qui lui redonne sa part de mystère et son excès sur nos capacités d'appréhension.
Le film de Pierre Weiss met en scène trois situations, où quelque chose semble bloqué, les mêmes phrases, les mêmes gestes se répètent à l'envi, buttent sur un invisible grain de sable qui empêche la scène d'évoluer. En lieu et place des échanges attendus entre un mari et sa femme ou un homme et son voisin de pallier, une violence verbale, puis physique, roule comme une vague et se répète inlassablement, comme une roue qui tourne sans fin.
Farwell Poetry est un collectif, qui met en œuvre et en scène une écriture poétique, cinématographique et musicale. Des films tournés en pellicule argentique et réalisés en vue d'être joués sur scène sont performés lors de prestations qui peuvent être données aussi bien dans des lieux de concerts que dans des salles de cinéma. Rencontre avec Jayne Amara Ross et Frédéric D. Oberland, initiateurs de ce collectif qui explore avec une même rigueur et un même élan recherches plastiques et sonores.
Roulez jeunesse est un projet artistique développé par Marylène Negro, qui consiste à faire rentrer, par surprise, sans crier gare pourrait-on dire, le cinéma dans la vie d'un collège. Un fond sonore composé de cents extraits de films, lesquels sont tous disponibles dans une cinémathèque, c'est-à-dire une collection mais aussi un espace où elle puisse véritablement exister, vient aini, selon un cycle déterminé, troubler les habitudes des élèves et de leurs enseignants tout au long de l'année.
Beat Lippert est un plasticien qui, à partir de la sculpture, de la performance et de l'art vidéo, interroge, en les dupliquant et en les déplaçant, le sens des objets qui façonnent le monde dans lequel nous vivons.
Transport en radeau, de Paris au Havre, d'une duplication de la Victoire de Samothrace, copie à l'identique d'un petit cimetière familial suisse, fabrication en série d'une pierre dont 4500 exemplaires sont exposés comme un tableau.
Beat Lippert engage ces formes diverses, empruntées à l'histoire de l'art et à nos habitudes culturelles, dans des processus singuliers qui en révèlent des aspects que notre quotidien nous a rendus inaccessibles.
FIASCO est une formation musicale et cinématographique mise en place par Rodolphe Cobetto-Cavanes, qui évoque, dans cet entretien, les premiers projets du groupe, son amour du super 8, et la prochaine performance qui sera donnée le 23 novembre dans le cadre du festival BBmix (Boulogne-Billancourt).