L’inauguration du nouveau pole de recherche intitulé La Parole de l’Art au Collège des Bernardins est marquée par le lancement d’une programmation — Questions d’artistes — très audacieuse, à l’écoute des formes d’expression de la création contemporaine les plus actuelles, sans pour autant trahir l’esprit de ce lieu parisien chargé d’histoire.
La programmation qui rend hommage à Maguy Marin dans le cadre du Festival d’Automne se poursuit avec une œuvre manifeste de la chorégraphe, qu’elle signe avec Denis Mariotte. Ca quand même, écrite à la première personne, procède d’une mise à nu d’une sincérité sidérante : doutes, craintes, désirs constituent une matière brulante que cette création met en partage. Les questions inhérentes à tout acte créateur sont plus que jamais actuelles.
Le cocktail s’annonçait explosif : Jan Fabre, crédité pour le texte, la scénographie et la mise en scène et Antony Rizzi, pour l’interprétation d’une partition écrite sur mesure. Un même goût pour l’excès et la transdisciplinarité les rapproche. Le titre promettait une belle montée, qui ne s’est pas produite. Retour sur une expérience riche et néanmoins frustrante.
Danseur, chorégraphe, conteur et metteur en scène, Faustin Linyekula traverse aujourd’hui un moment charnière. Sur le plateau du Centre National de la Danse, il procède à une mise à nu en tant qu’artiste. De sa voix posée, il nous livre ses doutes et interrogations – comment laisser un instant de côté les mots pour faire parler la mémoire d’un corps ? – et nous prend comme témoins d’un périlleux retour vers soi. Comment laisser pour un instant de côté les mots pour faire parler la mémoire d’un corps ? Une pièce d’une bouleversante sincérité.
Gisèle Vienne recrée sur le plateau de la Grande Salle du Centre Pompidou une forêt grandeur nature qu’elle peuple de fantasmes à la fois inavouables et légitimés par la civilisation contemporaine. Plasticienne, créatrice de marionnettes, chorégraphe sont des termes tout aussi justes pour définir le travail de la jeune metteur en scène. Dans ses pièces, ces arts se conjuguent pour élaborer des environnements denses et troubles, qui déstabilisent les perceptions et brouillent les codes de la réception.
Fanny de Chaillé reprend à son compte l’affirmation absurde de Dany Laferrière – Je suis un écrivain japonais (roman publié en 2008 chez Grasset) – et transpose sur scène la foule de questions qu’elle soulève : Je suis un metteur en scène japonais. Tout comme l’écrivain, la jeune metteur en scène revendique le fait de ne jamais avoir été au Japon. Elle avoue son envie de travailler à partir de projections, de fantasmes, de la mémoire orale.
A l’heure où la situation des femmes à travers le monde ne cesse de réveiller des inquiétudes, le projet de Young Jean Lee semble arriver à point nommé. Le titre, l’affiche, le casting ont tout pour intriguer et séduire. Malgré cela et en dépit de l’énorme dépense d’énergie de six performeuses phénoménales, la pièce à du mal à convaincre.
Sur le plateau nu du Théâtre de la Ville, Maguy Marin mobilise les 28 danseurs du corps de Ballet de l’Opéra de Lyon pour une pièce hypnotique qui s’ingénie à mettre en place un face à face bouleversant entre les gens d’une époque et leurs représentations sur scène.
Le Centre National de la Danse se met à l’heure du cinéma. Le fil rouge de cette nouvelle saison Danse et cinéma donnera la note d’une programmation marquée par des installations vidéo, des projections, des publications – notamment l’ouvrage homonyme dirigé par Stéphane Bouquet – et bien sur des spectacles. Love, pièce co-signée par Loic Touzé et Latifa Laâbissi, reprise pour l’occasion, ouvrait dès sa création en 2003, des pistes de réflexion dans le domaine.