C'est avec une immense tristesse que nous apprenons le décès de Jean-Philippe Dauphin. Jean-Philippe vivait à Bruxelles, il était cinéaste, poète, musicien... Très récemment, il avait entrepris d'adapter au cinéma le roman d'Henri Michaux Un certain Plume sous le titre Un passager clandestin. Nous aimons ses films, ses musiques, ses textes, sur lesquels nous ne manquerons pas d'écrire dans les jours à venir. Nous aimions aussi son sourire et son extraordinaire gentillesse, qui nous manquent infiniment.
De retour de Lussas, nous publions ces jours-ci plusieurs articles liés à la programmation : des textes sur les films Michel de Blaise Othnin-Girard (film à mettre en regard du très beau Les vagabonds des étoiles, du même cinéaste) et Traversées d'Antoine Danin, film produit par le G.R.E.C, ainsi qu'un parcours à travers la programmation Histoire du doc, consacrée au documentaire italien.
« Ce ne sont que des documents », célèbre phrase prononcée par Eugène Atget à propos de ses photographies. C’est à leur contact que Walter Benjamin comprit qu’il n’y aurait plus jamais en art « que des documents » [1]. « L’objectivité » propre aux techniques du film ouvrait une nouvelle ère esthétique où les dialectiques de la scène et de la salle, du réel et de la fiction, du sujet et de l’objet n’auraient plus beaucoup de sens. Ce temps là est encore le nôtre. Il ne fait, semble-t-il, que commencer. Dans cette perspective, il faut entendre par « fiction » et « documentaire » deux modes de conception et de lecture des images produites par des caméras. Mais toujours elles nous mettent à l‘épreuve du monde, toujours elles témoignent, en-deçà et au-delà de toute intention.
L'association organise une rencontre ouverte au public dans ses locaux avant le grand départ du mois d'août. Il s'agit simplement de se rencontrer autour d'un verre dans une belle cour ouverte sur le soleil. Des exemplaires de notre revue seront en vente et les membres actifs de la structure seront présents pour échanger autour de nos activités.
Et voici le plan pour venir ! À vendredi !
À bras le corps est heureux de s'associer à l'édition 2014 du Mois du film documentaire, manifestation singulière, organisée par l'association Images en bibliothèque, qui oeuvre à la visibilité d'un genre souvent méconnu et qui invite, partout en France, à se réunir tout au long du mois de novembre pour voir des films et en parler.
« La pièce est petite, petit l’écran. Le projecteur est dans la salle. On rallume à chaque changement de bobine. Parfois, le film casse : le public est patient. À la fin, des spectateurs apportent leurs œuvres au projectionniste – qui les passe. On quitte la salle ébloui, las, rasséréné, fiévreux, comme les premiers chrétiens quittaient peut-être les catacombes [1]. »
Ce sont les premières lignes du très bel ouvrage de Dominique Noguez sur le cinéma « underground » américain. Elles disent combien le cinéma est affaire de lieux et d’atmosphères. Les salles modernes, ces déserts conçus comme de vastes espaces commerciaux et publicitaires, sont des tombeaux pour les films. Le cinéma n’y est plus. Ou si peu, si rarement, affleurant, cassant, lorsqu’il surgit au détour d’une projection, les cloisons vernies de ces lieux vides. Ces architectures ont pour but de soumettre nos regards et nos corps à des logiques dont l’art sera toujours absent.
Cinq nouvelles vidéos avec des artistes vidéastes ont été réalisés dans le cadre de notre partenariat média avec le festival Côté court. Retrouvez Hélène Delprat, Salma Cheddadi, Olivier Babinet, Jacques Perconte et Jérôme Châtelain sur notre web-tv et sur le site du festival.
Petit aperçu des préparatids de notre premier événement, à travers le regard syncopé de Jacques Perconte, qui proposait ce soir là une performance envoutante, avec Julien RIbeill à la guitare.
Cette soirée à été un franc succès. Encore merci à tous ceux qui nous ont permis de réunir les ressources, financières, mais aussi humaines et existentielles, pour mener ce projet de revue papier à terme.
Deuxième épisode cet automne...
Le premier volume de la collection Tous des indiens, que nous éditons dans le cadre de notre partenariat avec la société Too Many Cowboys, vient de paraître. Rodolphe Olcèse y évoque le parcours qui l'a conduit à se lancer dans la production, parallèlement au développement de son activité de réalisateur. Vous pouvez y lire un éditorial de Damien Margeut, un long entretien conduit par Camille Degeye, ainsi que des contributions d'Olivier Guidoux, Stéphane Kahn, Marie-Anne Campos et Jérôme Alexandre.
Entretiens avec Christophe Loizillon, Pierre Weiss et Olivier Guidoux, notes sur un tournage de Dieudonné Niangouna ou encore comptes rendus des projections et des débats du séminaire « cinéma / parole » au Collège des Bernardins, À bras le corps est un espace où les économies et les pratiques artistiques se réfléchissent. Faire droit aux engagements et aux stratégies qui sous-tendent les œuvres – c’est-à-dire traiter artistes et spectateurs d’égal à égal, ne pas en appeler au « génie » ou au « talent » pour parler d’une démarche mais mettre au jour les questions et les enjeux qui la motivent – relève de l’exception dans un monde de communicants avide de hiérarchies et de faux-semblants. Toute création est affaire d’économies, comme le rappellent les sous-titres donnés par Pierre Weiss aux trois parties de son film Quel jugement devrais-je craindre ? (« l’entreprise », « l’investissement » et « le capital ») ainsi que la description que fait Olivier Guidoux de sa venue et de sa relation au cinéma.