Le premier volume de la collection Tous des indiens, que nous éditons dans le cadre de notre partenariat avec la société Too Many Cowboys, vient de paraître. Rodolphe Olcèse y évoque le parcours qui l'a conduit à se lancer dans la production, parallèlement au développement de son activité de réalisateur. Vous pouvez y lire un long entretien conduit par Camille Degeye, ainsi que des contributions d'Olivier Guidoux, Stéphane Kahn, Marie-Anne Campos et Jérôme Alexandre.
Editorial, par Damien Marguet
Signaux de fumée
L’écriture hante le cinéma de Rodolphe Olcèse. Ses films sont pleins de voix qui lisent, voix spectrales donnant à voir par le biais d’une écoute. À l’inverse, les textes semblent avoir besoin des corps pour s’inscrire et des images pour être entendus. L’un ne peut aller sans l’autre, ce qu’incarne concrètement la pratique de Rodolphe Olcèse, qui écrit sur les films des autres pour mieux penser et développer les siens. C’est donc fort logiquement qu’il a imaginé une collection d’ouvrages au titre évocateur, « Tous des Indiens », pour faire découvrir les œuvres et les artistes accueillis au sein de Too Many Cowboys, société de production qu’il a fondée en 2012. À travers des documents de travail et plusieurs témoignages, ce premier volume en retrace l’histoire et en dévoile les stratégies. Ou comment faire des films d’Indiens dans un monde de cowboys…
Comme Rodolphe Olcèse l’explique au cours d’un entretien avec Camille Degeye, c’est un peu par surprise que le cinéma est entré dans sa vie : par l’acquisition d’un outil, une caméra Super 8, et la découverte d’un support, la pellicule. Le rapport qu’il instaure à cette technique tient de l’épiphanie. Elle donne à voir ce qui d’ordinaire reste caché, une puissance étroitement liée au processus de « révélation » qui caractérise le support argentique. Faire un film, c’est voir des choses les unes dans les autres : un voyage donne des images qui appellent des textes qui réclament des musiques qui évoquent des visages… Il faut trouver tout cela – Trouvé, c’est justement le titre du prochain film de Rodolphe Olcèse –, le laisser venir à nous, pratiquer l’attente, l’abandon. Se laisser prendre. Le film, dans cette perspective, est un appel auquel il faut répondre. Une nécessité. Ce qui implique de concevoir la production comme ce qui rend possible, non comme ce qui formate et interdit. Aussi le cinéma est-il toujours selon Rodolphe Olcèse une affaire de dépenses. Parce qu’il est réaliste, parce qu’il engage des corps dans des espaces, le film tient tout entier dans l’expérience à laquelle il donne lieu. Le faire, c’est d’abord le produire, c’est-à-dire décider d’une économie qui donnera sens aux gestes.
Lorsqu’il parle de cinéma, Rodolphe Olcèse décrit des rencontres. Son approche est religieuse dans tous les sens du terme. L’image chez lui crée du lien, elle invite aussi à la relecture, à l’examen de conscience. Elle nous creuse tandis qu’elle nous confronte. Des hommes, des femmes en lutte avec eux-mêmes peuplent ses films. Ils cherchent un moyen de vivre, de faire attention à cet autre qu’ils sont. Rodolphe Olcèse l’a découvert avec le cinéma, dont il ne cesse de faire une occasion de résistance et de partage. Agrandir la tribu en émettant des signaux de fumée, telle est précisément l’ambition de la collection « Tous des Indiens ». Parce qu’en plein Far West, il est vital de se transmettre nos quelques ruses de Sioux.
Vous pouvez faire l'aquisition de Tous des indiens #1 moyennant la somme symbolique de 6 €, que vous pouvez régler par chèque à l'ordre de l'association A bras le corps, 71 rue de Robespierre, 93100 Paris.