Entretiens avec Christophe Loizillon, Pierre Weiss et Olivier Guidoux, notes sur un tournage de Dieudonné Niangouna ou encore comptes rendus des projections et des débats du séminaire « cinéma / parole » au Collège des Bernardins, À bras le corps est un espace où les économies et les pratiques artistiques se réfléchissent. Faire droit aux engagements et aux stratégies qui sous-tendent les œuvres – c’est-à-dire traiter artistes et spectateurs d’égal à égal, ne pas en appeler au « génie » ou au « talent » pour parler d’une démarche mais mettre au jour les questions et les enjeux qui la motivent – relève de l’exception dans un monde de communicants avide de hiérarchies et de faux-semblants. Toute création est affaire d’économies, comme le rappellent les sous-titres donnés par Pierre Weiss aux trois parties de son film Quel jugement devrais-je craindre ? (« l’entreprise », « l’investissement » et « le capital ») ainsi que la description que fait Olivier Guidoux de sa venue et de sa relation au cinéma.
Qu’est-ce qu’une œuvre, si ce n’est la trace d’une dépense ? C’est Jean-Luc Godard qui relève dans ses Histoire(s) du cinéma que le scénario fut d’abord un outil comptable permettant aux pionniers d’Hollywood d’évaluer le coût d’un film. Et Rodolphe Olcèse remarque, à propos de L’Italie d’Arnold Pasquier, que la matière première d’un film est la façon dont les corps s’y exposent et s’y dépensent, ce qui est aussi vrai de la danse ou du théâtre. Comment on les emploie, comment ils s’investissent, c’est ce qu’observe Smaranda Olcèse-Trifan dans les articles qu’elle consacre aux spectacles de Vincent Dupont ou de Latifa Laabissi, consciente qu’un geste n’est jamais gratuit. Prendre garde aux conditions dans lesquelles un artiste travaille, à la manière dont il organise la production et la diffusion de son œuvre ainsi qu’à la façon dont elle est montrée et reçue, c’est être attentif au réel, entendu comme ce qui résiste à un projet, ce qui le creuse aussi, lui donne sa profondeur. Et c’est également dans la façon dont nous concevons le financement de nos activités qu’une plateforme comme la nôtre se définit.
Deux sections sont ainsi apparues récemment sur la page d’accueil de notre site. La première, intitulée « l’association », a pour but de faire connaître la structure associative qui supporte ce travail d’édition. La seconde, « les partenaires », met en avant les lieux et les manifestations avec lesquels À bras le corps s’est engagé dans une collaboration au long cours. Parallèlement, deux collections sur support papier vont prochainement voir le jour. Il s’agit des Carnets de Too Many Cowboys, fruit du partenariat établi avec la société de production du même nom, et d’une toute nouvelle revue, Les Cahiers d’À bras le corps, produite par l’équipe qui anime ce site. Si cette revue est faite pour vous, elle est aussi faite par vous à travers une campagne de souscription organisée sur le site kisskissbankbank qui doit lui permettre de voir le jour. Son premier numéro, dont vous pouvez dores et déjà découvrir le sommaire sur la page du projet, sera consacré au thème de l’épreuve, et nous vous convions dès à présent à sa soirée de lancement, organisée le vendredi 23 mai aux Voûtes à Paris. Encore une belle occasion de se dépenser !