Artiste plasticienne, Carole Nosella travaille principalement le medium vidéo. Elle réalise depuis une dizaine d’années des films qui peuvent être projetés ou diffusés en installation. L’écran est au cœur de la pratique et des recherches théoriques de Carole Nosella.
La mer allée avec le soleil. Vers un nouveau cinéma de poésie
« (…) le mot trouver ne signifie d’abord nullement trouver, au sens du résultat pratique ou scientifique. Trouver, c’est tourner, faire le tour, aller autour. Trouver un chant, c’est tourner le mouvement mélodique, le faire tourner. Ici nulle idée de but, encore moins d’arrêt. Trouver est presque exactement le même mot que chercher, lequel dit : ‘‘faire le tour de’’. » (Maurice Blanchot, L’Entretien infini).
« Il m’a fallu pratiquement quinze ans pour maîtriser ma Bolex et lui faire faire ce que je voulais vraiment, automatiquement, spontanément. Je compare cela à un saxophoniste, un musicien de jazz qui doit répéter pendant de longues années jusqu’à obtenir de l’instrument qu’il suive les mouvements les plus subtils de ses doigts. Ce serait auto-destructeur, voire stupide, de changer d’un seul coup d’instrument juste parce que quelqu’un vient d’en inventer un nouveau. Je suis quelqu’un de très occupé. Je n’ai ni le temps, ni la nécessité ni l’envie de changer d’instrument, ma Bolex. D’autant que ma Bolex est une caméra très précise qui correspond tout à fait à ma façon de filmer » (Jonas Mekas)
L'exercice est ardu et pourtant la magie opère. J'ai la chance d'assister à un moment rare et précieux où des êtres pleinement conscients de leur maitrise de l'art du mouvement et de leur puissance fictionnelle, porteurs et portés par une pensée chorégraphique qui reconfigure à chaque instant les qualités sensibles du temps et de l'espace, font advenir des mondes, chargent le plateau de visions.
Dans une démarche intimement inspirée du post-exotisme, Victorine Grataloup et Diane Turquety exaltent la force des histoires, multiplient les pistes, veillent à maintenir l'espace de la fiction résolument ouvert. Outre sa valeur littéraire per se, l'intitulé de l'exposition acquiert une valeur programmatique qu'assument les deux curatrices : le territoire d'où nous parlons est inconnu, absolument inconnu. Nulle abscisse, nulle ordonnée ne peut lui être attribuée. Il est une zone d'imagination géopolitique radicale où le rêve, l'insurrection, le chamanisme et l'inconscient collectif se rencontrent.
Structurée autour de quatre films produits par le Grec, structure de production associative fondée par Jean Rouch qui fête cette année ses 50 ans et dont la mission est d’accompagner des réalisateurs en devenir dans la production de leur premier film, cette rencontre a été l’occasion de mesurer à nouveau la plasticité des gestes liés à l’archive et au remploi d’images, dont la présence dans le cinéma contemporain est particulièrement significative. Ce que montrent ces pratiques, c’est qu’une image de cinéma, quels que soient les techniques ou les modes narratifs utilisés, se fabrique toujours à partir d’autres images, qui lui préexistent et lui permettent d'arriver.
Enquêtes. Nouvelles formes de photographie documentaire s’efforce de penser une convergence entre les pratiques photographiques contemporaines et les sciences humaines, convergence potentiellement alimentée par des points de contact avec la démarche propre à l’enquête policière. Ces champs d’investigation, dont Danièle Méaux s’efforce de montrer à quel point ils peuvent être poreux les uns aux autres, ont en commun leur rapport à un terrain qui loin d’être indifférent aux actes qui s’y déploient, n’en n’est jamais que le résultat.
L’œil sauvage est le premier film réalisé par Johanna Vaude au sortir de sa formation en arts plastiques. Sa conception s’inscrit dans une économie de moyens radicale. L’idée était de faire un film à partir d’une seule et unique pellicule super 8, ce qui a d’emblée conduit Johanna Vaude en direction de l’hybridation des supports.
Une écriture finement ciselée, à la puissance impérieuse du théorème, qui néanmoins respire, laisse suinter la vie, le désir, la fragilité aussi, rend pleine l'absence, aménage des entrelacs et approche la manière que seule la vie a de reconfigurer sans cesse les choses. Des interprètes époustouflants. une maison pour accueillir, sous les constellations montantes, précipités dans l'instant de la danse, passé et avenir.
A l'heure où le réchauffement climatique est devenu une certitude inquiétante et où le contexte social est profondément mouvementé, l'intitulée du projet curatorial accueilli par La chambre d'échos interpelle à plus d'un titre. Cette multiplicité de résonances a été cultivée volontairement par Jocelyn Cottencin qui avoue néanmoins être un peu rattrapé par l'actualité. Echauffement général est une exposition à activer performativement, une invitation aussi directe qu'enchevêtrée à mettre en mouvement le corps et l'imaginaire du visiteur, à penser en acte ce que c'est que faire groupe aujourd'hui.