Olivier Schefer évoque Limenland et hand-pick, deux films de Marylène Negro exposés à la Galerie Michel Journiac. Articulation du proche et du lointain, mais aussi du cinéma et des cimaises, en compagnie d'Yves Bonnefoy et d'Henri Focillon.
De nombreux films et vidéos ont été présentés cette année à la FIAC, aussi bien dans l'enceinte du Grand Palais que lors des journées de projection au Palais de la Découverte ou au Cinéphémère. Ce sont des oeuvres qui nous invitent à déplacer notre regard, qui perturbent les points de vues et les représentations toutes faites.
Le programme est très riche, qui réunit Maguy Marin et Mathilde Monnier pour un nouveau temps fort du cycle Early Works au Centre National de la Danse. Des personnalités créatrices de première importance pour la danse contemporaine, telles Lucinda Childs, Claudia Triozzi ou encore Vera Mantero étaient à l’affiche depuis l’ouverture de la saison et un focus dédié à Maria La Ribot est très attendu pour le mois de novembre.
Inspiré de l'installation vidéo Film à blanc d'Ismaïl Bahri, présentée en 2015 à la Galerie Les filles du calvaire et à revoir dans l'exposition "Soulèvements" du Jeu de Paume.
Deux films présentés cet été à Lussas interrogent les rapports entre la matière des images et les blessures infligées au corps dans des contextes de violence historique, explorant le documentaire comme regard interrogatif et le réel comme objet construit : La impresion de una guerra (2015) de Camilo Restrepo et Retratos de identificaçao (2014) de Anita Leandro.
Un râle douloureux monte de ces corps massifs, rythmé par le souffle qui trahit un état porté au delà de l’épuisement. La nuque est secouée vigoureusement, d’avant en arrière, selon une technique qui favorise la transe. Mais chez les comparses de longue date de Bouchra Ouizguen, le mouvement part de beaucoup plus loin, trouve son origine dans le bassin, mobilise les bras et fait frémir les chairs.
Tête de chien est un film sur la revenance. C'est aussi l'histoire d'un homme dont la principale activité est de promener un chien et qui devient chien lui-même (c'est-à-dire cynique). Cette permutabilité semble régir tout le récit – les vivants et les morts échangent leurs rôles : c'est le mort qui poursuit le vif pour lui enjoindre de le « laisser partir ».
L'exposition Jocs de paraules ("Jeux de mots", en catalan) présentée au Museu de pintura de Sant Pol de Mar prolonge le travail d'Erik Bullot, qui depuis les années 80 explore les passages et transcodages du visuel et du verbal. Jocs de paraules assemble des œuvres sur divers supports, mais toutes orientées vers cet entrelacement du mot et de l'image, qui a pour point de fuite une vision ouverte du cinéma : y sont présentés des films sur support vidéo, des photographies, et des "films papier", soit des feuillets où sont réunis des textes originaux ou des citations et des images trouvées, sortes de scénarios conceptuels de films réels ou virtuels (mais tout film est en quelque sorte virtuel, c'est là le fil conducteur de l'exposition).
Laissons nous prendre par l’espace sans cesse reconfiguré, mouvant et aux propriétés diffuses, de la nouvelle création de Pauline Simon, tout en gardant à l’esprit le sous-titre de la pièce, qui fait directement référence aux recherches du philosophe Elie During dans le sillage d’Henri Bergson. La jeune chorégraphe s’entoure de trois collaboratrices. Ensemble elles écrivent un récit sinueux, non-euclidien, protéiforme, au souffle cosmogonique, qui embrasse la fin des temps tout en étant profondément ancré dans l’ici et maintenant de la relation immédiate avec les spectateurs.
Handsworth Songs (1987) est le second film du Black Audio Film Collective, dirigé par John Akomfrah. Cet essai documentaire explore, à partir de faits d'actualité – les émeutes des minorités noires ayant eu lieu à Handsworth, Birmingham, en septembre 1985 - un imaginaire colonial conçu comme hantise, en agençant un faisceau de discours et de représentations qui traduisent la complexité de l'identité diasporique qui s'est alors exprimée par la violence. Plutôt que de faire directement le récit des révoltes, le film voit le présent comme traversé par une multiplicité de récits : « Il n'y a pas d'histoires dans les révoltes, seulement les fantômes d'autres histoires », entend-t-on à plusieurs reprises au cours du métrage.