Michel

HO comme H2O l’eau, HO comme le début d’Homme, HO comme Hospitalisé d’office. On fait tous des cauchemars. On est tous Michel, Jérôme, Côme, Georges et Agnès, Blaise, des anges, des passants. On est tous morts. A l’ombre. De l’autre côté. Je demande que quelques unes de mes paroles soient retranscrites en langage clair, dit l’un. Je demande qu’on repasse le film de ma vie, rien d’ennuyeux, rien de trop long, dit l’autre. C’est un corps presque toujours en disparition. Un corps d’ange. Pas de sang, pas d’éclaboussures, pas de tintamarre, seulement un corps spirituel qui s’en va. Seulement un gémissement. Ecoutons le vent dit un autre. Laissez-nous écouter le rien du vent, l’esprit de passage. On ne s’ennuie pas dans ce rien. Il est écrit tout de suite le mot « fin ». A peine commencé, on est entré dans la fin. C’est lumineux parfois l’obscurité glissante vers la fin. Une aurore le crépuscule. Un réconfort la perte. Tout peut bien s’étendre à présent, sur le lit, dans la durée du seul commencement, du seul geste, de l’unique regard. Le grand corps, la lourde lourde tête, le temps sans mesure sont naissants. Ils ne basculent pas dans l’historiette, dans la petite gestion des questionnements psychologiques, des questionnements politiques, des questionnements humanistes. Pas d’homme ici. Pas de ça. Un vent léger, dis-je, entre cauchemar jamais apaisé de l’enfance et maintenant où tu filmes ce rien d’image, ce rien de sens, ce défilé des anges. Vous voulez un compte-rendu, une bonne saisie de la chose ? Non, vous n’aurez pas d’explications, pas de sang. Ce dont il s’agit là, savez-vous, est du sacrement. Question de foi. Question de disparition. Adieu Michel, adieu Georges et tous les anges, je suis avec vous. Notre vraie demeure a toujours été ailleurs.


| Auteur : Jérôme Alexandre

Publié le 14/12/2014