Chris Welsby, héritier des protocoles formels du cinéma structurel, les emploie pour interroger les rapports entre la technique et la nature. Cette dernière n'est pas qu'un motif dans ses films, elle participe au dispositif de la représentation, tout en mettant l'accent sur les caractéristiques techniques du cinéma avec lesquelles elle interagit.
Il y a eu des jours en ce tout début d’année, dans un atelier à Rosny-sous-Bois avec de jeunes étudiants. Ce n’était pas vraiment des collégiens, ou tout juste, c’était surtout des enfants encore. J’étais là pour leur parler de la nécessité de faire des images. Et j’étais là pour leur parler d’eux, et leur faire parler d’eux. Nous voulions ensemble réaliser un journal vidéo, intime et collectif, à partir d’images exclusivement tournées grâce à leur téléphone portable.
Et après encore, je serai vide est une expérience en ligne ouverte à toute personne s'identifiant comme femme et majeure, écrite, pensée et réalisée avec Mécistée RHEA. Elle sera disponible à partir du 20 juillet 2017, tous les jours, entre le coucher et le lever du soleil à l'adresse suivante : https://etapresencorejeseraivide.fr. Le site a été developpé par Nicolas BRUNELLE.
« La matière ou l'étendue renferme en elle deux propriétés ou deux facultés : la première faculté est celle de recevoir différentes figures, et la seconde est la capacité d'être mue. »
Nous ne serons plus jamais seuls, court-métrage de Yann Gonzalez, met en scène une fête d’adolescents et les évènements qui la jalonnent, de l’amour à la danse, jusqu’à un dénouement fantastique. Un plan retient particulièrement mon attention : celui de l’apparition d’une danseuse, faisant évènement par sa rupture dans le déroulement de la séquence.
« Pour œuvrer le monde, il ne se modèle pas en présentation ou en représentation des choses, il produit un intervalle qui fracture l'image et contrarie la ressemblance. »
L’intervalle est un endroit de tous les endroits. Un creux qui se gonfle de tout ce qui, d’un bout à l’autre de l’idée, ne peut être véritablement saisi.
Si le corps chorégraphique invente son propre espace à travers le geste, il se peut aussi que le geste déplace l'espace dans lequel il se déploie et élargisse par ailleurs son champ en intégrant une gestuelle qui peut relever du quotidien. La chorégraphie ne se situe pas alors comme une forme close dans un espace neutre, elle s'en empare, se déployant jusqu'à faire référence à un espace socio-économique qui tend à la normalisation, et propose une façon de voir et d'agir qui résiste à cette forme de contrôle comportemental.
Jazz et cinéma ont incarné de concert la nouvelle culture du XXe siècle : ils sont en cela historiquement modernes. Manifestations de la culture de masses, l'on a pu les considérer comme de simples rouages de l'industrie culturelle. Mais nous verrons que la modernité du jazz et du cinéma ne saurait se limiter à un état de fait, à une immanence liée à leur situation historique : la modernité intrinsèque à ces deux formes d'expression s'est doublée d'une recherche esthétique moderniste allant de pair avec celles qui se sont jouées simultanément dans les domaines culturels plus anciens.
Le festival de Lussas présente cette année Informe general de Pere Portabella. Dans ses documentaires politiques, le cinéaste expérimente une dialectique subtile entre l'image et le discours. Ce n’est pas seulement le personnage présent à l’écran qui verra sa parole (son statut) altérée ; c’est aussi la nature même de la voix-off, telle qu’elle se définissait habituellement dans le cinéma documentaire et dont le NO-DO (les films d'actualités produits par le régime franquiste) donne un bon exemple, qui sera transformé et subverti. La voix-off, qui est habituellement dans le documentaire une « voix sans sujet » comme disait François Niney, est ici subjectivée, personnalisée, mais ouverte aussi au domaine de l’intersubjectif.
Stan Brakhage est l'un des cinéastes expérimentaux les plus importants, aussi bien qualitativement que quantitativement : entre 1952 et 2004, il a réalisé un peu plus de 300 films, pour la plupart des court métrages. Dans son ensemble, la démarche cinématographique de Brakhage est orientée par une recherche de la pure visualité, ou comme le disait André Parente parlant d'un « cinéma matière », d'un état où « l'oeil n'est plus distinct des choses » : le film s'offre comme une expérience visionnaire dépassant les constructions verbales et rationnelles, qui conditionnent aussi la vision. Elle n'exclut pas cependant un usage du texte et des sources littéraires ancré dans cette corporéité.
Jérôme Alexandre, avec qui nous organisons le séminaire Cinéma / Parole au Collège des Bernardins, nous adresse ce texte, un court manifeste sur le supposé sens de l'œuvre d'art. Là contre, l'auteur affirme que l'œuvre se reconnaît à ce qu'elle ne se donne jamais à comprendre, mais simplement, entre beauté et séduction, à rencontrer.