"De ma première rencontre avec le Belvédère sont nées, il y a dix ans, les Rencontres Cinématographiques de Cerbère-Portbou qui se tiennent tous les premiers week-ends d’octobre et dont le programme n’est composé que de cartes blanches en partenariat avec d’autres festivals ou cinéastes. D’emblée j’eus l’impression, restée tenace depuis, de pénétrer dans une autre dimension ouverte à tous les scénarios.
Mes premiers pas en ce lieu correspondaient à ce qu’aurait pu être le générique d’un début de flm. Avec l’organisation des Rencontres, il fut facile de vérifier à quel point le lieu stimulait les cinéastes.
Les Rencontres eurent dès l’origine la volonté de mettre en place des résidences pour accompagner ou même susciter des films qui viendraient s’inscrire précisément ici, à Cerbère et à Portbou.
Parmi les lauréats résidents, tous ceux qui sont passés à l’acte cinématographique ont filmé l’hôtel du Belvédère du Rayon-Vert, soit en tant que sujet ou cadre d’un flm documentaire, soit en l’utilisant comme décor pour certaines scènes de fiction. C’est comme si le lieu, avec son architecture, ses points de vue, sa salle de cinéma, son immense rez-de-chaussée (un ancien garage), sa salle panoramique, ses chambres, le passage des trains, sa dimension de paquebot à la fois échoué et pourtant toujours debout, pouvait se prêter à toutes les fictions sans que jamais on ne risque d’en tarir la source inspirante et que même, il suffirait de le filmer tel quel pour être au bord du cinéma, comme lui-même peut l’être à la fois de la mer et des rails dans une double proximité qui semble unique."
Patrick Viret