Ce neuvième atelier de lecture se place sous le signe de "La nuit des prolétaires" de Jacques Rancière, et plus particulièrement de son épilogue "La nuit d’octobre". De la révolution parisienne de 1830 aux prédications nouvelles des Saint Simoniens, de la naissance du fouriérisme et de ses utopies sociales à ses échecs, ces « Archives du rêve ouvrier » remontent le cours d’une génération d’ouvriers, fils de la révolution française et de la « déclaration du droit du moi » portée par Jean-Jacques Rousseau.
Pour créer ensemble, au début, il faut accepter l’indétermination et accueillir l’antagonisme, puis tâtonner, laisser advenir les discussions et travailler les ajustements. Ces points de départ et ces processus de création nous semblent favoriser—qu’elle qu’en soit l’issue—la construction des relations et la créativité de chacun.
L’Homme-Fumée, une aventure démocratique est un film documentaire, filmé depuis un scénario de fiction. L’aventure se déroule au sein d’un village français aujourd’hui, où l’espace public est en jachère et où la monoculture viticole apparait comme le seul lien social possible. Restent des foyers accueillants, que le scientifique va visiter.
À l’occasion de sa nouvelle soirée, le Pavillon reçoit Manolis Daskalakis-Lemos et son groupe ORI pour une évocation d’Athènes. Entre projection dystopique et représentation absurde, le dispositif musical transforme la ville en friche mentale.
« L’art est ce qui aide à tirer de l‘inertie », ce titre donné par Henri Michaux à l’un de ses pochoirs en noir et blanc pourrait servir d’exergue à Inertia, la pièce de Kirsten Debrock. En route vers la galaxie du corps vieillissant, avec pour tout bagage un minimalisme saisissant, Kirsten Debrock crée un duo surprenant de véracité et d’humanisme. Une scénographie agrémentée de tulles compartimente le plateau avec légèreté, laissant évoluer ce percutant binôme d’interprètes. A elles deux, telles des caryatides, elles portent la problématique de ce vivant qui vieillit, qui se transforme de manière intime, parfois de palier infinitésimal en sillon profond. L’une reste en retrait de l’autre d’abord par ignorance de ces fragilités, par déni de ces dégénérescences minuscules que le corps agglutine à chaque pas, à chaque année parcourue, à chaque cheveu tombé. Puis, peu à peu, par similitude de vécu, dans la reconnaissance solidaire de ce chemin commun, leur mouvement conduit vers l’abandon. Une forme de sagesse et d’expérience à partager.
En mettant en regard les travaux en cours des cinéastes Antje Van Wichelen et Evelyne Cohen, confrontés à des extraits de films commentés, cette soirée propose de questionner le travail des supports d'archives (photos, films) dans la création filmique. Entre collections anthropométriques et images de propagande, ces films approchent chacun à leur manière une remise en question des représentations occidentales des colonies et de leurs peuples.
François Delagnes utilise la caméra comme un appareil photographique et la pellicule comme une palette où la lumière, les couleurs, les formes, l’espace, le temps dialoguent entre peinture et cinéma.
En plein cœur de la première « Red Scare » aux États-Unis, 249 anarchistes d’origine russe, dont Emma Goldman et Alexander Berkman, sont déportés en URSS pour des activités « subversives ». Le 21 décembre 1919, ils embarquent d’Ellis Island sur le USAT Buford, baptisé « Soviet Ark » (l’Arche Soviétique) par une presse approbatrice. Cinq ans plus tard, une comédie maritime, « La Croisière du "Navigator" » (1924) de Buster Keaton, apparaît sur les écrans.
L’Anabase de May et Fusako Shigenobu, Masao Adachi et 27 années sans images évoque l’histoire Fusako Shigenobu, leader de l’Armée Rouge Japonaise, groupe terroriste actif dans les années soixante-dix, et de sa fille May, vivant toutes deux au Liban dans la clandestinité. Leur histoire croise celle de Masao Adachi, réalisateur légendaire de l’avant-garde japonaise, qui rejoint l’Armée Rouge et la cause palestinienne en 1974.
Les films qui composent cette séance s'emparent tous, chacun à leur manière, de l'outil cinéma comme moyen de prédilection pour exprimer, mais aussi expérimenter, la singularité d'un lieu, dans un équilibre fragile entre le proche et le lointain. Ces films, parmi plusieurs autres, jalonnent l'activité de la société de production Too Many Cowboys, fondée en 2012.