La 18e édition du Festival des Cinémas Différents et Expérimentaux de Paris présente six programmes compétitifs ainsi qu'une série d’événements périphériques autour du thème intitulé « Humour & Facéties ».
Demain est une île (Tomorrow Is An Island) est un projet initié en conversation avec l’artiste Jason Wee (artiste, fondateur et directeur de Grey Projects, Singapour), qui propose de spéculer sur la façon dont le poids de « la crise » conditionne notre rapport au savoir, et les relations entre les corps et les villes. Quel(s) futur(s) imaginer ensemble pour notre présent traversé de migrations aux conséquences trop souvent fatales, de peurs sécurisées et de communs asphyxiés ? Quelles cultures du soin et de l’attention, quelles formes de contrat social peuvent-elles encore subsister entre les villes et leurs habitants ?
Olympia traverse la scène, nue. Dans sa main droite, le livre Asphyxiante culture de Jean Dubuffet. Elle déambule puis s’installe sur un lit défait, dans une pose en tout point semblable au double peint par Édouard Manet. Elle fixe le public quand soudain, un muscle tremble, dans un mouvement impliquant la totalité du corps. Chaque geste qu’elle esquisse devient alors une possibilité inachevée, en résonance à cette quête que Vera Mantero poursuit sans relâche pour comprendre ce que veut dire la danse, ce que l’artiste peut dire avec la danse et ce qu’il dit au moment-même où il danse.
Objet performatif non identifié créé en 1998, dans un moment d’intense redéfinition de la scène chorégraphique française, Park de Claudia Triozzi est révélateur du décloisonnement à l’oeuvre à cette période : un désir d’élargissement de la danse à d’autres formes, conjugué à la relecture plurielle de son histoire – prenant en compte les arts plastiques, la performance ou le cinéma. Dans cette pièce qui oscille entre la déambulation, l’installation plastique et la performance, on suit le personnage d’Adina, figure féminine soumise à une série de dispositifs contraignants – objets ludiques ou inquiétants qui balisent un quotidien piégé. Au fil de tableaux vivants minutieusement composés, la relation entre cette silhouette fragile, les environnements qu’elle habite et les machines qu’elle actionne, présente une allégorie domestique, dont le caractère absurde peut vite tourner à l’oppression.
Création chorégraphique bramée et dansée par Alexandre Da Silva (et Nina Santes – sous réserve), accompagnés par Catherine Contour. Une danse singulière qui prend corps à travers les étapes d’un processus basé sur l’utilisation de « l’outil hypnotique amplifié cc ». Tranquillement burlesque et en relation étroite avec l’imaginaire des oeuvres du musée, la Plongée se déroule dans un dispositif lumineux conçu avec le designer Goliath Dyèvre.
Barbara Hammer, née en 1939 aux Etats-Unis, vit et travaille à New York. Pionnière du cinéma queer, joyeuse briseuse de tabous, infatigable expérimentatrice formelle, elle a réalisé plus de 80 films au cours des 40 dernières années. Deux séances de projection sont organisées : la première à l’ENSBA, accompagnée par Michèle Waquant (artiste plasticienne et vidéaste), le 6 octobre à 18h, et la seconde au Méliès, le 8 octobre à 16h15.
Qu’est-ce qu’ils font, là, dehors, ces danseurs, sur du béton, au milieu des bruits de la ville ? Ils ne devraient pas être sur scène, dans un théâtre, à l’abri du vent, de la pluie et du froid ? Et qu’est-ce qu’une « danse de nuit » : une fête, une procession, une manifestation, une battle nocturne ? C’est comme une ronde de nuit, une danse à la dérobée, à l’écart de la lumière ? C’est l’inverse d’une danse de jour : une danse cachée, clandestine – une zone d’exception ?
Les Rencontres du Cinéma Documentaire seront aussi l'occasion de soulever des questions plus profondes en rapport avec une cinématographie trop souvent oubliée, par le biais d'une table ronde qui tentera de poser le cinéma expérimental comme champ privilégié de la créativité féminine. Elle sera animée par Corinne Bopp (directrice des Rencontres), avec la présence de Barbara Hammer (cinéaste expérimentale) et Jackie Raynal (cinéaste expérimentale, ayant participé au Groupe Zanzibar, monteuse pour Eric Rohmer et Philippe Garrel, notamment).
Pendant deux ans, le séminaire Cinéma / Parole / Société / Recherche a permis d’accueillir des cinéastes et plasticiens dont les pratiques toujours singulières explorent la frontière trouble entre ce qui relève de l’art et ce qui lui fait face. Nous proposons à plusieurs artistes rencontrés et aux chercheurs impliqués dans l’animation de ce séminaire de réfléchir ensemble à ce qui est véritablement mis en jeu dans les formes cinématographiques contemporaines et à prendre acte de leur capacité à porter un éclairage inédit sur le mystère l’existence humaine.
Témoignage d’un homme… retrace le fil de trois journées que Thibaud Croisy a passées avec C., un inconnu qui a accepté de lui parler de son corps, de sa sexualité et de ses pratiques sadomasochistes avec d’autres hommes. Issue d’un processus documentaire de plusieurs mois, cette pièce visuelle et sonore, sans interprète, invite le public à s’engager dans une traversée au long cours pour faire l’expérience de ce témoignage singulier, entre plaisir et douleur.