Figure émergente de la scène underground montréalaise, Dana Michel est incontesta- blement une artiste à découvrir.Enfant, elle coiffait ses cheveux d’une serviette jaune pour ressembler aux blondinettes de son école. De cette anecdote à partir de laquelle elle a écrit un poème, la chorégraphe interprète, revisite, adulte, le monde imaginaire de son altérité dans un rituel performatif sans fard et sans censure. Dans ce portrait tragique et burlesque, entre gravité et bouffonnerie, Dana Michel explore les stéréotypes de la culture noire, les détourne, s’en amuse délicieusement pour voir si elle s’y trouve. Alors, du fond de ses mémoires enfouies surgit une étrange créature au langage abstrait. Yellow Towel est une pièce teintée d’un état d’esprit enfantin et d’un ludisme certain, convoquant une joyeuse naïveté, celle de l’enfant dont le regard est vierge de tout jugement et de toutes limites, dans un mélange de candeur et d’insouciance.
« Le moment des auditions ou des passages de jury pour une école de jeu est l’un des plus beaux théâtres du monde. Le saisissement de vivre un moment unique, préparé pour un temps essentiel, se reconstitue à toutes ces occasions. Les variations infinies de formes de théâtre, du plus naïf au plus savant, se font, se défont. Les scènes sont parfois connues, vues, usées, croit-on, et, chaque fois, un corps, une altérité, une idée en théâtre renouvellent le présent. » Robert Cantarella.
La Réplique recrée la fragilité et la singularité de ces moments de théâtre que sont les auditions pour donner à voir ce qui est rarement vu, lorsqu’un corps, une voix, une présence investit une scène pour un temps suspendu, pour une première fois qui est aussi une dernière fois.
Dans le cadre de la prochaine séance Cinéma / Parole, qui aura lieu le 10 avril 2016 à 15h, nous sommes heureux d'accueillir Ariane Loze, qui viendra nous présenter plusieurs films de sa série MOWN. La projection sera suivie d'un échange avec la réalisatrice.
L’acteur, auteur et metteur en scène portugais prolifique Tiago Rodrigues, nommé depuis janvier 2015 à la tête du Théâtre national de Lisbonne, aime les collaborations, les croisements, le théâtre qui se réinvente dans l’instant. Le Théâtre de la Bastille l’a invité à être le chef d’orchestre de OCCUPATION BASTILLE pendant deux mois.
Cette expérience met au cœur de la création la question de ce que l’art change dans nos vies.
D’une part il monte le spectacle Bovary ; d’autre part il s’empare du lieu d’une manière inhabituelle, en proposant avec les comédiens de la pièce des ateliers et des ouvertures au public qui ponctueront cette résidence, qui se finira par la présentation de Je t’ai vu pour la première fois au Théâtre de la Bastille, spectacle créé à cette occasion.
Pour la taille (M), Trajal Harrell s’est lancé dans un élargissement du périmètre du voguing en invitant trois performeurs issus d’univers chorégraphiques différents à venir dériver avec lui. Symptomatique de la stratégie de décalage et de porosité qui marque la série dans son ensemble, (M)imosa est un feuilleté aussi délicat que sauvage : une ruade dans les conventions qui transforme le plateau en sismographe d’états contradictoires, passant par toutes les intensités possibles. Ensemble ou séparés, Trajal Harrell, François Chaignaud, Cecilia Bengolea et Marlene Monteiro Freitas occupent la scène en tant que zone franche, située hors du cadre des conventions sociales. Sur cette surface de projection réactive à toutes les opérations de condensation, de collage et de travestissement, ils saturent l’espace de corps à géométrie variable, en perpétuelle tranformation. Dans cette pièce résolument transgenre, tout est retourné, détourné, accentué, accéléré – voix, corps, sexe, mode. Chant baroque, créatures fantastiques, pop stars discordantes, mannequins déchaînés : le voguing devient une arme servant au renversement de toutes les valeurs.
Dans la continuité du Cinéma de la Nouvelle Lune, -SILVERSCREENS- met en regard des films d’artistes et le regard documentaire.
Pour cette séance à Glassbox, les espaces intérieurs sont fouillés, bafoués, explorés dans leurs moindres recoins.
Derrière la porte, sous les paupières, en dedans des mots, les murs paraissent pouvoir préserver les territoires intimes des atteintes poreuses de l’usure et du vent et précipiter les réactions alchimiques.
Les films présentés pour la séance déroulent la pelote d’Ariane non pour sortir mais pour pénétrer, toujours plus avant, jusqu’au cul de sac de nos vies privées.
Teo Hernandez réalise plus d'une centaine de films de la fin des années 1960 à sa disparition prématurée en 1992. Cofondateur du collectif MétroBarbèsRochechou Art, l’artiste mexicain s'inscrit comme l'une des figures flamboyantes de la scène du cinéma expérimental français des années 1970 et 1980 marquées par l'avènement d'un cinéma corporel. Éminemment gestuel et profondément poétique, son cinéma est traversé par un imaginaire baroque puisant dans une identité partagée entre deux cultures, les motivations d'une quête sans limite. Cycle de cinq séances, organisé à l'occasion du projet de préservation numérique de films rares de Teo Hernandez entrepris par le Centre Pompidou et du séminaire de recherche « La Langue de Teo » organisé à la Villa Vassilieff du 19 au 23 avril 2016 dans le cadre du Pernod Ricard Fellowship.
L’illustratrice jeunesse, cinéaste d’animation et professeure Michèle Lemieux propose un travail qui engage une réflexion sur la représentation du réel, le temps et la condition humaine. L’exposition Le tout et la partie. Du dessin au film d’animation invite le spectateur à découvrir les recherches visuelles, les méthodes de travail et l’univers esthétique d’une artiste hors du commun, auteure de films dont le dernier, Le grand ailleurs et le petit ici qui a été réalisé à l’Office national du film du Canada avec un instrument tout à fait singulier, l’écran d’épingles, inventé en France dans les années trente par le couple de cinéastes Alexandre Alexeïeff et Claire Parker.
À l'occasion de la parution de Sur le film (Macula, 2016) de Philippe-Alain Michaud, la Librairie Michèle Ignazi vous invinte à rencontrer l'auteur le mardi 19 avril 2016 à 19h00.
La soirée sera ponctuée par une projection de films en 16mm.
D’abord présenté sous la forme d’un film dans le cadre d’exposition et d’installation, Monumental invite à réfléchir au processus de déconstruction des images, et à leur réception. Ce qui est donné à voir stimule une activation de la mémoire visuelle et collective issue de l’histoire et en particulier de l’histoire de l’art.
Dans une lente et progressive métamorphose, un groupe de 12 performeurs interprète une série de monuments et d’œuvres d’art. Puisant ainsi, à la fois dans l’art de la statuaire et dans le registre architectural, Jocelyn Cottencin perturbe les questions de représentation et de récit, dans leur ancrage contemporain. Entre les actions et déplacements, les corps s’immobilisent et les expressions des visages se figent, dessinant de fascinants tableaux vivants. Chaque monument sélectionné par l’artiste est incarné, restitué par le mouvement. L’espace scénique devient histoire et les corps patrimoine.