Deux documentaristes partent mettre en scène un film sur une île étrange, dite de Physiopolis, dissimulée dans un creux de la Seine. Les résidents, qui tiennent le lieu secret, leur apprennent qu’une partie de l’île est interdite d’accès. Les ruines d’une piscine Art Déco construite dans les années 30 s’y laissent envahir par la végétation et hanter par des fantômes… Entre bungalows et couloirs abandonnés, traversées en bateau et marches nocturnes, récits de vacances et silences spectraux, les réalisateurs plongent dans les mystères de l’île.
Cette programmation interroge notre relation à l’espace quand celui ci est revisité par le biais de la projection des images sur un écran. Ces cinq films proposent de nous plonger dans un rapport à la profondeur lié à des formes d’abstraction plastique, par le biais d’expériences que subit le support même du film et de sa projection.
Après Lyes Hammadouche et Pauline Bastard, l’artiste français Stéphane Thidet sera le troisième invité du programme de résidence initié par le commissaire Gaël Charbau.
Délibérément inclassable, Stéphane Thidet est un plasticien qui travaille avec de nombreux média et matériaux (son, image filmée, sculpture, éléments naturels…) cherchant ainsi à déplacer les frontières de l’art, comme lorsqu’il introduisit une meute de loups dans le parc du Château des Ducs de Bretagne lors de la manifestation « Estuaire » à Nantes. Plus récemment, on pouvait redécouvrir dans l’exposition Inside, au Palais de Tokyo, son spectaculaire « Refuge », chalet en bois à l’intérieur duquel un déluge de pluie ne cesse de tomber.
Pour son projet au Collège des Bernardins, Stéphane Thidet propose de métamorphoser l’ancienne sacristie en créant une installation in situ, dont l’eau sera l’élément principal. Ce dispositif inédit changera totalement la perception que le visiteur peut avoir de ce lieu en recréant un paysage architectural et mental surprenant.
Dans le cadre de notre projet "Réfléchir la création" et en ouverture de la seconde séquence de l'exposition SÈMES de Vincent Chevillon à Khiasma, pour laquelle l'accrochage sera réagencé, le cinéaste Jérémy Gravayat et Vincent Chevillon échangeront sur les enjeux de la mise en récit de collectes de matériaux documentaires. Comment s'agencent les documents entre les nécessités de la transmission, de l'acte politique et celles du geste artistique ?
Projection du film "Sombras" (94', 2009) suivie d'une discussion avec le réalisateur Oriol Canals.
Chaque année, comme s’ils participaient d'un étrange rituel printanier, des milliers d’immigrés viennent s’échouer en Espagne. Un autre naufrage les y attend : l’errance parmi les ombres. Depuis la marge d’un monde qui ne veut plus les voir, ces hommes, en se confiant à leur famille par lettre vidéo, nous regardent dans les yeux.
Jonas Mekas insomniaque erre dans son son nouvel appartement à 4 heures déplorant une vie emballée dans des boîtes en carton. Puis s'épanouit un journal itinérant nocturne, au hasard de rencontres avec des inter-titres, références littéraires dactylographiées, invocations de Dante, des Mille et Une Nuits et de haïku japonais.
Avec Unusual Weather Phenomena Project, Thom Luz transforme la scène de théâtre en un ciel traversé par des intempéries étranges : une pluie qui tombe à l’envers, un quadruple coucher de soleil, une inversion dans la succession des saisons, des sphères lumineuses qui apparaissent… Toutes ces observations, basées sur des témoignages oculaires sérieux, sont consignées par William R. Corliss, dans son livre A Handbook of Unusual Natural Phenomena, paru en 1977. Ce savant hétérodoxe, qui avance à rebours d’une démarche scientifique habituelle, ne cherche pas à démontrer les règles qui semblent régir la nature, mais se passionne pour tout ce qui paraît anormal et invraisemblable. À partir de cette anthologie de phénomènes naturels exceptionnels, Thom Luz construit un théâtre du merveilleux, où les événements météorologiques sont transcrits dans un langage musical, tandis que musiciens et performers deviennent des « faiseurs de temps ». Le spectacle part de situations sobres et quotidiennes pour s’épanouir dans un réalisme magique, actionné par tout ce que la machinerie théâtrale comporte d’imprévisible. Retraversant les interprétations que les sociétés humaines ont pu faire des manifestations climatiques, ce spectacle de théâtre musical travaille notre présent tout en évoquant avec légèreté et finesse la fin du monde.
Marion Siéfert
Premier opus d’une trilogie – BLUE RED WHITE –, Sorrow Swag « anatomie de la mélancolie », interroge les questions de race, de représen- tation de soi, de genre, de paternité et de peine. Dans ce spectacle de la chorégraphe américaine Ligia Lewis, les sensations sont à fleur de peau : sur les rythmes electro d’une musique jouée en direct par George Lewis Jr. (de Twin Shadow), un corps apparaît, s’évanouit, apparaît dans une constante et compacte brume bleutée. Bleutée pour évoquer les textes de Beckett – Pas moi – ou d’Anouilh – Antigone –, qui ont inspiré Ligia Lewis et par lesquels elle convoque le blues, ce sentiment commun, la tristesse, une certaine mélancolie, violemment rejetée par nos sociétés obsédées par le bonheur. Le blues sculpte dans cette performance le corps du danseur en perpétuel mouvement jusqu’à devenir un troublant et enivrant langage chorégraphique.
« Le moment des auditions ou des passages de jury pour une école de jeu est l’un des plus beaux théâtres du monde. Le saisissement de vivre un moment unique, préparé pour un temps essentiel, se reconstitue à toutes ces occasions. Les variations infinies de formes de théâtre, du plus naïf au plus savant, se font, se défont. Les scènes sont parfois connues, vues, usées, croit-on, et, chaque fois, un corps, une altérité, une idée en théâtre renouvellent le présent. » Robert Cantarella.
La Réplique recrée la fragilité et la singularité de ces moments de théâtre que sont les auditions pour donner à voir ce qui est rarement vu, lorsqu’un corps, une voix, une présence investit une scène pour un temps suspendu, pour une première fois qui est aussi une dernière fois.
"Le Rhinocéros est mort" est une exposition collective, une collaboration entre des artistes mexicains et français. Le déplacement, la dérive, les résidus de matières ou le recyclage d'images sont autant de centres d'intérêts que partagent ces artistes. L'exposition sera également l'occasion de découvrir le livre "Cerca del mar", racontant un voyage d'expérimentations artistiques du groupe dans l'état de Véracruz, au Mexique. Le projet d'exposition à Rotolux permettra de partager cette expérience de voyage et de découverte dans un nouvel environnement : la France.