Jardins secrets, jardins vivants
Figure pionnière d’un cinéma entièrement tourné vers la nature et le vivant, Rose Lowder explore depuis plus de quarante ans des jardins végétaux, animaux et minéraux, plus ou moins peuplés d’humains, que les techniques cinématographiques qu’elle emploie contribuent à réintégrer à leur environnement. Explorant les puissances vibratoires du cinéma et de la lumière, elle dédie ses récentes séries de Bouquets à des lieux écologiques emblématiques, dont elle intensifie la pratique et le rayonnement. Dans une forme exemplaire de décentrement anthropomorphique, elle délègue une partie des décisions de prise de vue et de montage à des phénomènes naturels, comme par exemple le comportement, les stases et les actions soudaines d’une communauté de grenouilles, afin d’approcher et de restituer au plus près les rythmes du vivant. Pour la cinéaste, le minéral n’est pas davantage une matière inerte : elle parvient ainsi à révéler les métamorphoses du sel, dont le phénomène de cristallisation et de réaction à la lumière renvoie au procédé argentique du cinéma lui-même.
Films programmés projetés en 16 mm :
- Bouquets 11-20, 2005-2009, 14’
« Les Bouquets 11-20 poursuivent le travail commencé par Bouquets 1-10 et 21-30 consistant à créer le mouvement, la transformation et l’évolution des images par leur agencement lors de la prise de vue. La météorologie et une série d’incidents liés à cette façon de tisser les photogrammes dans la caméra retardèrent leur réalisation. 10 Bouquets, chacun d’une minute de durée, tous tournés dans des sites écologiques. » R. Lowder
- Habitat batracien, 2006, 8’31’’
« On s’éloigne dans ce film d’une œuvre dont la forme est conçue a priori pour moduler de diverses manières les caractéristiques visuelles de l’image pour tenter de pénétrer dans la dimension temporelle d’une mare peuplée de grenouilles. Devant ces sujets qui tendent à être élusifs, la question d’intérêt plus général posée est comment saisir des moments ayant un sens, comment rendre visible, présent, un moment vivant et lier les éléments composant les différents moments les uns aux autres ? » R. Lowder
- Jardins du sel, 2011, 16’11’’
« La production de fleur de sel repose sur la concentration-saturation de l’eau de mer amenant à la cristallisation. L’appellation “jardin de sel” évoque le caractère agricole de cette activité. Six tableaux poétiques, cinq reposent sur la mer, le vent et le soleil, alors que le dernier porte sur un petit parc mis en jachère. Musique de François Alexis Degrenier. » R. Lowder
Séance animée par Vincent Deville (Maître de conférences en Cinéma à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3) et Rodolphe Olcèse (Maître de conférences en Esthétique à l’Université Jean Monnet Saint-Etienne)
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