Les membres des Chiens de Navarre explosent les bienséances du théâtre. Blasphémateurs libres, poseurs de bombes impénitents, ils débordent des cadres, jouent hors champs conventionnels. Fruits d’improvisations, de provocations et de cauchemars, les expériences des Chiens, uniques à chaque représentation, s’intitulent Une raclette, Les danseurs ont apprécié la qualité du parquet, Quand je pense qu’on va vieillir ensemble, ou encore Nous avons les machines. Dans chaque opus, chaque fois singulier et différent, les Chiens remettent en cause les principes de la représentation. Ils se mettent à l’épreuve. Cauchemars collectifs, partouzes sanglantes, festins joyeux, ils se livrent à des performances insensées. Ils provoquent une déflagration de la scène et de ses us et coutumes. Tout ce qui ne se fait pas, c’est ce qu’ils font.
Depuis 2005, Jean-Christophe Meurisse dirige cet élan d’insolence. Ils sont passés partout et y ont laissé des traces, des marques et des émerveillements. Les créations collectives, depuis des trames simples, réinventent le dadaïsme, libèrent les pulsions, enterrent le théâtre moribond. L’intranquillité est le maître mot. À chaque projet, et chaque soir, le présent explose, dynamité par les Chiens qui s’en emparent, à bras-le-corps, à pleines dents. Ils sont imprévisibles et l’hilarité incontrôlable. Pour le spectateur, c’est un risque à prendre et une baffe dans la gueule, un tsunami d’états de grâce dans l’inélégance et la force de l’inattendu. Jeu de massacre, curée déjantée, punch et tarte tatin pour putsch théâtral, un pur uppercut de rock’n’roll, de rire salvateur.