Dans le cadre de l'exposition Carl Andre, Sculpture as place, 1958-2010
Dans un espace donné cinq danseurs en sous-vêtements sont situés à proximité les uns des autres. Ils produisent en continu un filet de salive qui s’écoule sur une partie du corps d’un partenaire. Lentement le groupe évolue dans l’espace, modifiant le rapport des positions individuelles. Cette action est menée pendant plusieurs heures. Création à la Biennale d’art contemporain de Lyon, France (2007)
Avec X-Event 2, créé simultanément à X-Event 1 au Centre d’art contemporain de Brétigny en 2005, Annie Vigier et Franck Apertet déploient leur stratégie sur un nouveau plan en formulant de l’extérieur de son territoire une critique de la normalisation du spectacle vivant. X-Event 1, constitué de sept protocoles, est défini par les chorégraphes comme la matrice qui conduit à la création de sept performances rassemblées sous le générique de X-Event 2 : Les courses, Les corps morts, Le goût, La vague, Les Kama Sutra, Les chutes, Salives.
Ces formes incarnées, construites en cellules autonomes et exploitées en tant qu’objets, entrent en dualité avec un autre espace organisé, un cadre, un rapport d’exposition qui se démarque de l’espace ordonne du théâtre. L’action des interprètes déterminée par une dépense qui est menée aux limites physiques, se mesure aux coordonnées spécifiques d’un site, a son usage propre.
Les déplacements du visiteur et ses points de vue changeants sont en rupture avec le point de vue fixe du public assis en direction de la scène. Le corps du spectateur est mis au travail et se transforme en agent du mouvement. La durée limitée du spectacle est excédée pendant plusieurs heures ou remplacée par le calendrier d’ouverture proposé pendant plusieurs jours, le visiteur est libéré dans le rythme de sa perception et de ses déplacements.
L’entreprise des chorégraphes propose en somme comme alternative à la stratégie de la déconstruction, celle de la réversibilité, une tactique qui par l’expérience des contraintes et des limites extrêmes imposées aux contextes et aux interprètes, entraine irrésistiblement à l’inverse, vers la libération des individualités et la conscience aigüe des lieux.
(Les protocoles X-Event. Pierre Bal-Blanc, extrait du catalogue Biennale d’Art Contemporain de Lyon 2007)
Danseurs : Sophie Demeyer, Deborah Lary, Stève Paulet, David Zagari, Clémentine Maubon.
Conception et réalisation sonore : Nicolas Martz d’après la voix du baryton Victor Torres.