Trois soli interprétés par Xavier Le Roy, qui explorent chacune un régime spécifique d’expression et de perception : le visible pour Self Unfinished, le dicible pour Produit de Circonstances, l’audible pour Le Sacre du printemps. Chacun de ces soli creuse donc à sa façon les potentialités du corps, ses modalités de se relier au monde qui l’entoure. En cela, Xavier Le Roy reste un chorégraphe fidèle à lui-même, lui qui ne cesse jamais de travailler sur ce qui fait les contours et la singularité (ou pas) des êtres.
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Le Sacre du printemps est un véritable rite de passage pour chorégraphes. Pour « son » Sacre, Xavier Le Roy retourne résolument à la musique de Stravinski et s’approprie les gestes du chef d’orchestre comme une partition en soi qu’il s’emploie à rejouer. On ne sait plus ce qui vient avant ou après, de la musique ou du corps, mais on assiste à une étrange expérience où le mouvement et le son rejouent leurs noces anciennes et peut-être viscérales.
Self Unfinished, créé en 1998, solo quasi inaugural du répertoire de Xavier Le Roy, explore ce que le travail du chorégraphe ne cessera de questionner par la suite : quelles situations peuvent transformer le corps ? Le corps humain est-il capable de devenir d’autres choses : machines, animaux, ou étranges objets non-identifiés ?
Produit de circonstance. Quand Xavier Le Roy débarqua dans le monde de la danse, il sortait à peine d’une thèse de biologie ce qui en faisait un « produit » étrange — immédiatement repéré et étiqueté comme tel par la critique : le « danseur scientifique. » Pour échapper aux discours tout faits, il décide alors de produire lui-même le récit de son entrée dans la danse en une conférence imitée du monde universitaire. Sa biographie devient alors la petite théorie, souvent comique, de sa pratique artistique.