Pour sa première exposition chez Jousse Entreprise, Ange Leccia propose une déclaration d’amour qui tourne à l’obsession. Entre la nuit et le jour, aucun choix n’est à énoncer car une simple alternance a lieu. C’est que la réalité du fantasme est fait de la matière des rêves. Et c’est entre chien et loup que tout se joue. La lumière crépusculaire se décline sous de multiples expressions : elle est un battement régulier qui anime les sculptures des jardins de la Villa Médicis tout autant que le bruit visuel du format DV des années 1990. La lumière est surtout l’affirmation du désir compris comme le monde du sujet, le monde de l’expérience dans son intégralité. « Le désir est un rapport d’être à manque, écrit Jacques Lacan. Ce manque est manque d’être à proprement parler. Ce n’est pas manque de ceci ou de cela, mais manque d’être par quoi l’être existe . » 1 Ainsi, le désir est à la fois l’essentiel et le leurre. Il est l’impossible différence entre l’existence et les apparences. Il est l’affirmation d’une présence enchaînée à l’absence. Ce n’est donc pas un hasard si le parcours vidéo de Leccia entremêle les périodes et met en boucle les séquences. La chaîne des significations se distend - de la pierre à l’eau - dans le souvenir latent de toute chose.
1 Jacques Lacan, Le Séminaire. Livre II. Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse 1954-1955, Paris, Seuil, 1978, p. 306.