Le metteur en scène et plasticien suédois Markus Öhrn révélait dans Conte d’Amour présenté ici en 2011 l’inconscient sombre de nos sociétés occidentales patriarcales. C’était le premier volet d’une trilogie entreprise avec les compagnies Institutet (Suède) et Nya Rampen (Finlande), critique sociale sans concession, mettant au jour ce qui se cache dans les caves les plus noires et pourries d’un monde apparemment policé. Le romantisme et la figure du père tout puissant y recevaient un puissant uppercut.
Dans le deuxième volet We Love Africa and Africa Loves Us (2012), Markus Öhrn décryptait l’hégémonie post-coloniale chargée de racisme. La relation de dépendance entretenue par l’aide humanitaire y était pointée, ou comment les Européens externalisent leur propre chaos sur un continent qu’ils fantasment.
Le troisième volet qui clôt la trilogie poursuit cette même analyse sur l’hégémonie occidentale patriarcale. Bis Zum Tod traite de l’amour comme une puissance négative, une machine bien huilée avec, comme option intégrée, l’autodestruction et la mise à mort. Nous sommes toujours dans une famille occidentale de classe moyenne avec ses valeurs positives liées à la politique néo-capitaliste. Dans ce cocon familial bourgeois, un adolescent va provoquer un énorme traumatisme en tombant amoureux d’un pédophile. Markus Öhrn remarque : « Quel est le plus gros traumatisme qui peut actuellement déstabiliser le noyau familial dans notre société occidentale ? La pédophilie semble être la plus grande menace. Pourquoi elle nous effraie autant ? »
Le spectacle se présente comme une incursion dans la psycho-logique de la famille où l’injonction au bien-être et à la pensée unique positiviste enferme chacun dans sa conviction d’être le meilleur, son propre dieu se retourne comme un gant et devient le socle de l’attitude black metal et du nihilisme.