Pourvu qu’on ait l’ivresse est une pièce-action. Elle part d’un désir de former un récit ouvert, une promesse où se côtoient l’excès, le monstrueux, le beau, le sublime et l’effroi. Un espace où les présences performatives jouent des nuances de registres et expérimentent des écarts de jeu, du mineur au majeur, en cannibalisant et en produisant des images. Depuis 2006, Nadia Lauro élabore pour les pièces de Latifa Laâbissi des « machines de visions », des scénographies au fort pouvoir dramaturgique. Pour cette nouvelle pièce, elles signent le spectacle ensemble, avec l’envie de mêler leurs champs d’influence et « d’ouvrir l’espace à l’action et l’action à l’espace ». Les narrations qu’elles construisent trouvent un soutien dramatique dans la musique de film, convoquée comme un véritable personnage au coeur de l’action. Avec la collaboration de cinq comédiens de la compagnie de l’Oiseau‑Mouche – structure basée à Roubaix qui forme des adultes en situation de handicap mental au métier de comédien, Pourvu qu’on ait l’ivresse reprend à son compte l’injonction du vers de Musset et s’appréhende comme une dernière danse rituelle, celle qui compte par son insistance et son irréversible détermination à avoir lieu.
Marion Siéfert