Mark Tompkins aime passer d'un univers à l'autre. Après une trilogie américaine, le voici qui plonge en Orient, un Orient réel, incarné par la chanteuse et musicienne palestinienne Kamilya Jubran, et imaginaire, nourri de ses représentations – sons et musiques, voiles, tissus et couleurs.
Comme souvent chez le chorégraphe, la pièce se situe à l'articulation d'un goût assumé pour le spectacle et d'une préoccupation politique, qui tourne ici autour de l'émancipation, de l'errance et de l'exil. Tout est d'ailleurs dans le titre, Le Printemps, qui fait référence à la fois au Sacre de Stravinsky, à la saison et à ce qu'elle suppose de renouvellement, et aux « Printemps arabes » qui ont secoué le monde en 2010.
Les notions de voile et de dévoilement sont au cœur de cette pièce incarnée par quatre personnalités (danseuse, circassienne, performeuse, musicienne) qui enchevêtrent leurs voix et leurs partitions. Joué, chanté, dansé, Le Printemps évoque le destin croisé de ces femmes aux origines et aux parcours différents mais qui ont en commun la volonté de s'affranchir des contraintes sociales ou morales. La pièce met en tension l'aspiration à la libération, l'émerveillement face au monde, la pulsion de vie, et tout ce qui vient régulièrement entraver ces élans, les préjugés, les passions, les conflits, les tentations de repli identitaire. Le Printemps interroge ainsi les questions d'identité et d'appartenance dans un espace où la couleur et le mouvement règnent en maître et d'où ne sont jamais exclus l'humour et la poésie.