L’exposition d’Ismaïl Bahri vient en ouverture d’une saison 2014/2015 des églises qui invitera à un parcours de rencontres artistiques singulières comme au fil d’une approche répétée de la notion de savoir-faire ainsi préalablement pointée en chaque présence et réalisation opérées par les artistes invités. La présence d’Ismaïl Bahri est alors en soi une évidence.
Ses travaux sont les expressions d’un accès à un état premier des choses et qui autoriserait, dans l’immédiateté de ce qu’il nous donne à voir, dans la simplicité du rapport aux éléments qu’il investit, l’envie de parler de ce qui serait alors une beauté élémentaire.
Le savoir-faire chez Ismaïl Bahri tient à cette force à l’oeuvre dans ce qui peut paraître, à première vue, forme de « dés-oeuvrement ». Il ne se joue certes pas de la densité des formants et de la multiplicité des dispositifs. Si le geste est chez lui étroitement lié à une expérience première, il devient, au fil d’une logique d’expérimentation qui lui est nécessaire pour établir, dans un même temps partagé, les conditions d’émergence conjuguées et travaillées à celles de la captation de ce qui se produit, au fil de ses répétitions, l’engagement d’un état d’être dans ce qui est, entre chorégraphie ou écriture filmique, un parcours des espaces qu’il (se) crée ainsi et qualifie. Il en est l’expérience vécue.
La première vue s’enrobe alors irrémédiablement des étreintes d’un regard s’étirant, prenant son temps, absorbé par ce qu’il capte, tout à l’accommodation par laquelle il prend corps. Le geste est là, simple et méthodique. Isolé et mélodieux. Il opère, travaille, transforme, déroule et découpe, faisant perler sur le fil de ses cheminements, au rythme du développé des doigts s’agitant, agissant, l’émergence d’un ancrage possible du regard, d’un faire à l’oeuvre.
Tout est là. Donné. Sans retenue.
Elle fut pourtant totalement à l’origine de tout cela.
Elle s’est effacée pour mieux laisser paraître.
Eric Degoutte, commissaire de l'exposition