Matin : Un matin de l’année 1900, Olaï, pêcheur, comme ses ancêtres, sur la petite île de Holmen en Norvège, est heureux… sa chère épouse Marta est en train de lui donner un fils. Il s’appellera Johannes comme son père à lui. Soir : À l’aube d’une journée de l’automne 1980, ce même Johannes, devenu vieux, se réveille plus léger, lui semble-t-il, que d’habitude. Mais quel est le degré de réalité du monde qui l’entoure ? Les récits de l’auteur norvégien Jon Fosse, tel celui ici adapté, préservent de son théâtre une grande part de dialogues et une structure dramatique aisément repérable ; mais ils participent aussi d’une amplitude proprement romanesque, quant au temps et à l’espace, et d’un mode d’écriture musical qui fait une part essentielle aux soliloques entrelacés. Matin et soir dont l’action (1900-1980) embrasse la quasi-totalité du 20e siècle et s’inscrit dans un monde indécidable qui n’est plus tout à fait celui des vivants et pas encore tout à fait celui des morts. Le théâtre de Jon Fosse ne pourrait-il s’éprouver comme un ballet d’ombres tour à tour souffrantes et heureuses… apaisantes, même si, pour jamais, intranquilles ?